Où l'on cite les oeuvres de Pierre Corneille

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 12 novembre 2003

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion :

Nicolas,
Sylvain (L),
Emmanuel,
Philippe (Blayo),
Guy,
Stéphane,
Charles,
Sylvain (S),
Eric (glb),
Philippe (BooK),
David (Grinder),
Kai avec un T-shirt montrant la mante religieuse qui sert d'emblème aux Perl Mongers d'Israël
et moi.

Nous avons mangé des spaghetti au saumon et carbonara, des blue cheeseburgers, de l'autruche, du kangourou, des oeufs mayonnaise, des tartes aux pommes, une dame blanche et, à la surprise du serveur qui a d'abord cru que c'était une farce, des nègres en chemise. Et nous avons bu de la Beamish, de la Stout, de la Pécheresse, de l'Orangina et une margarita. Le calva était offert par le patron.

Nous avons parlé de Perl, d'Internet, d'informatique et de sujets divers.

Perl

La rançon de la gloire : l'article de Philippe (Bl) sur le lancement de processus est paru dans le numéro de novembre de Linux-Mag et Philippe a donc dû dédicacer son article pour pour Philippe (BooK) et pour Sylvain (L). Ce dernier ayant reçu le numéro d'octobre de Linux-Mag en retard, il l'a apporté pour que je dédicace mon compte-rendu de YAPC.
Il faut penser à la relève et aux articles suivants, notamment si Linux-Magazine décide de sortir un spécial Perl. Il y a en fait suffisamment de sujets, mais pas suffisamment de personnes pour les rédiger. Sylvain explique qu'il n'est pas nécessaire d'écrire un article parfait, il suffit juste d'assurer un niveau de qualité suffisant. [ Ce qui me rappelle une citation de Patton : « Un plan acceptable demain est meilleur qu'un plan parfait après-demain. » ]
En discutant avec Charles, il explique les règles à suivre pour rédiger un article. Il faut prévoir un « chapeau », une ou deux phrases qui servent à inciter le lecteur à lire l'article. À ne pas confondre avec l'introduction. Je fais remarquer que la plupart du temps, je ne lis pas le chapeau, je commence directement par l'introduction. Sylvain reconnaît que, dans la présentation actuelle, le chapeau est plutôt mal placé.
Charles est en train d'écrire un article sur Perl-Tk. Il a adopté pour ce faire le format HTML, ce qui arrange Sylvain car il n'aura pas besoin de convertir l'article au moment de l'envoyer à Linux-Magazine. Sylvain précise quelques points, notamment au sujet des illustrations. Il faut toujours spécifier un attribut alt lors de l'appel d'une image (penser aux navigateurs en mode texte). Les livres sur HTML ont beau dire que l'attribut alt est « conseillé », ce sont les normes du W3C qui importent et celles-ci disent que alt est obligatoire.
Quant aux captures d'écran, il faut éviter de les faire sous Windows. Même si Perl fonctionne très bien sous Windows, les lecteurs de Linux-Magazine apprécieront plus les illustrations s'il s'agit de captures d'écrans KDE ou Gnome.
BooK évoque YAPC::2003 et les tâches qui restent à faire. Notamment, le problème des factures, qui n'a toujours pas été bouclé plus de trois mois après la fin de la conférence. Sans oublier non plus les prêts de matériel : le PC qu'il faut renvoyer à Fotango, le modem ADSL qu'il faut rendre, et que sais-je encore. Et il y a les proceedings à mettre en page et à rendre disponible sur le site de la conférence.
Philippe parle également de French Perl Workshop (« l'Atelier Français de Perl » dit quelqu'un d'autre). Il faut commencer à prospecter pour avoir un local et des sponsors. Stéphane pense à recontacter la Cité des Sciences, où YAPC aurait eu lieu s'il avait été impossible de bénéficier du CNAM. À noter que Sylvain est également en relation avec la Cité des Sciences.
La Cité des Sciences organise également des conférences tout le long de l'année. Il y a les Samedis du Libre, ce qui n'arrange pas ceux qui vont à la campagne le samedi et le dimanche. Il y aura bientôt aussi les conférences du lundi soir, pour ceux qui ne veulent pas gâcher un week-end.
Nicolas raconte que lorsqu'il a passé un concours pour être informaticien dans la fonction publique, l'une des épreuves de programmation permettait l'utilisation de tout langage, « à l'exception des langages de scripts ». Sur la première page de sa copie, il a expliqué en long, en large et en travers pourquoi Perl n'est pas un langage de script. Puis il a répondu à la question avec le langage le mieux adapté... Mais, fait-il remarquer, quelqu'un qui aurait répondu à la question du concours avec un programme awk aurait mérité la place !
À l'inverse, BooK a apporté les papiers pour un concours d'informatique pour exercer au Sénat. Dans la liste des épreuves, il est clairement spécifié que Perl fait partie des langages admis (avec C, C++ et Java). Et puis le cadre est intéressant : le Jardin du Luxembourg, avec ses terrains de tennis, son théâtre de marionnettes...
Tout le monde connaît Damian Conway, sa vie, son oeuvre. Mais en tant qu'universitaire, il n'a pas toujours le sens des réalités. Ses modules sont très intéressants sur le plan des fonctionnalités, mais lorsqu'il s'agit de les exécuter sur une machine normale, on se rend compte qu'il y a quelques problèmes de performances. David raconte ainsi qu'il avait un problème à traiter pour lequel Quantum:Superpositions était tout indiqué : comparer « all première liste de valeurs » à « any seconde liste de valeurs ». Son premier essai en comparant 4 valeurs d'un côté à 3 valeurs de l'autre a réussi. Le deuxième test, avec 200 valeurs contre 150, a duré beaucoup plus longtemps... David a ouvert alors une autre session shell, a demandé l'affichage des processus actifs par top et a vu son programme Perl qui enflait, qui enflait, qui enflait...
D'autres modules de Damian sont basés sur des filtres de source, comme Switch. Le problème est que les filtres de source ont en général beaucoup de mal à cohabiter l'un avec l'autre.
Pour la grande majorité de la communauté Perl, lorsqu'il faut effectuer l'analyse syntaxique d'un source de programme, la solution, c'est Parse::RecDescent. Pour une minorité (Paris.pm, l'auteur de Template::Toolkit semble-t-il, etc), il y a aussi Parse::Yapp (Yet Another Parser Parser), qui est beaucoup plus rapide et qui requiert un apprentissage minime pour quiconque connaît yacc ou bison : la syntaxe des déclarations et des règles est calquée sur yacc, seule change la syntaxe des actions puisque celles-ci sont écrites en Perl.
Nous avons un peu parlé d'Abigail. Il semble qu'il soit plutôt enclin à prendre la mouche lorsque quelqu'un lui envoie une vanne. C'est ce qui explique pourquoi sa présence sur Perl Monks subit parfois des éclipses d'un an. Il est revenu il y a quelque temps avec le code « Abigail-II » et il a expliqué qu'il avait perdu son mot de passe et qu'il a préféré adopter un nouveau code d'accès. Alors qu'il suffisait de contacter Tim Vroom pour que ce dernier attribue un nouveau mot de passe.
BooK rappelle qu'Abigail avait mis en vente un JAPH lors de la vente de solidarité de YAPC::2001 à Amsterdam et que c'était lui qui l'avait acquis. Alors que l'obfuscation vendue par BooK à Dave Cross a été remise au bout de deux ans à Paris, Philippe attend toujours le JAPH promis par Abigail. On lui fait remarquer qu'Abigail a été pris de court par la promptitude de la réaction de Philippe vis-à-vis de Dave.

Internet

Quelqu'un fait remarquer que M-J.D. a associé des mots clés farfelus à sa page web, vraisemblablement dans le but d'accéder à cette page en renseignant les mots-clés sous Google au lieu de taper l'URL en entier. La discussion dérive vers le nouveau jeu à la mode, le Google-whacking. Cette activité consiste à chercher un mot-clé ou un couple de deux mots-clés de façon que la recherche ne donne qu'une seule page web. Les résultats sont compilés sur un site web qui, bien entendu, n'est pas indexé par Google. Stéphane a obtenu un google-whack en 10 minutes et un autre en deux jours.
Depuis quelque temps, il est question d'installer une borne Wifi à la Taverne République pour pouvoir accéder à Internet pendant les réunions. Mais cela ne risque-t-il pas de casser l'ambiance ? Chaque fois que quelqu'un est venu avec un ordinateur portable, il y avait 4 ou 5 personnes agglutinées autour de la machine pendant que les autres discutaient.
L'absence d'une borne Wifi n'a pas empêché Kai de reproduire l'exploit de Philippe (Brix) au mois d'août : il a cherché je ne sais plus quelle information sur Google avec son téléphone portable.
Un bruit souvent entendu sur Internet : Plonk !. C'est le bruit que font les messages d'un indésirable que vous avez mentionné dans votre kill file. Rafael en a mentionné paraît-il, un dans un résumé récent de P5P. [ Désolé, je ne l'ai pas trouvé. ]
Il y a ceux qui, à l'issue d'un week-end de quatre jours, trouvent à leur retour 150 messages de spam dans leur boîte à lettres électronique. Il y a ceux qui reçoivent la même quantité en une seule journée. Philippe (BooK) a installé SpamAssassin chez lui. Le programme est efficace mais il ne reconnaît pas tous les spams. Entre autres, Philippe a une adresse obsolète qui ne lui sert plus et tout ce qui arrive sur cette adresse est forcément du spam. Il conserve les messages correspondants dans un dossier, ce qui lui permettra, un de ces jours, d'« enseigner » à SpamAssassin et à ses filtres bayésiens de reconnaître cette catégorie de spam.
Il y a eu une discussion entre David, BooK, Guy et d'autres sur la possibilité de distribuer des paquets IP entre deux machines différentes, les paquets ayant la même adresse IP mais des numéros de port distincts. Je n'ai pas retenu les détails de la discussion, je me souviens qu'il était question d'un utilitaire netcat, renommé depuis socat, qui est l'équivalent d'un cat(1) Unix, à part qu'il utilise le réseau au lieu de lire un fichier.

Informatique

À son travail, Nicolas a participé à une discussion sur la technologie « réseau sur courant porteur ». Il a fait remarquer à ses interlocuteurs que s'il y avait une coupure de courant, alors ils n'auraient pas accès au réseau. L'un des interlocuteurs de Nicolas a acquiescé et trouvé que cette remarque était une remarque profonde. Quant à nous, nous avons bien rigolé.
J'ai cru comprendre que Philippe (Bl) a assisté à une démonstration de T_EXmacs à l'ENS de Cachan. Il en a discuté avec Stéphane. De ce que j'ai pu retenir, la situation n'a pas tellement changé depuis la dernière fois que Stéphane en a parlé.
Si David (Sniper) avait montré le bout de son nez à la réunion, Nicolas lui aurait extorqué une bière, ainsi qu'il l'avait menacé sur la liste. En effet, Sniper, qui vitupère contre les questions hors-sujet, a posé une question à propos de sed sur la liste et Nicolas a demandé une bière gratuite en compensation. Toujours est-il que la page de man de sed est indigeste. Quelqu'un a suggéré sur la liste que pour comprendre ce qu'était censé faire un script sed, un moyen consistait à le faire passer dans s2p et à examiner le programme Perl obtenu.
Stéphane regrette que personne n'ait créé une commande dura pour Unix. On aurait pu ainsi coder en shell :
```
dura | lex | sed | lex
```
Nous avons eu droit à une discussion terne et éteinte (aucun coup n'a été échangé) sur Debian, avec les avantages et les inconvénients de apt-get par rapport à urpmi.
Les partisans de Debian rappellent qu'il existe quatre distributions courantes :
1. experimental, la plus risquée,
2. unstable, encore assez risquée,
3. testing, qui compile sur un certain nombre de systèmes et n'a pas de bug critique,
4. stable, sans surprise désagréable, mais avec peu de nouveautés.
Cela dit, ceux qui mélangent les paquets venant de distributions différentes s'exposent à de graves problèmes.
Toujours à propos de l'installation de logiciels et de la dépendance des uns par rapport aux autres, Philippe (Bl) évoque le programme de dessin vectoriel Sketch et un autre programme Dia, dans le contexte de la distribution unstable de Debian. L'un (Dia) nécessite la dernière version de Python (2.3), tandis que l'autre (Sketch) requiert l'avant-dernière (2.2), tout en plantant avec la dernière. Donc, lorsque l'on installe Dia avec les dépendances, cela désinstalle automatiquement Sketch (après confirmation). Il n'est ensuite plus possible de refaire fonctionner Sketch sans passer par une réinstallation manuelle. La meilleur solution dans ce cas aurait été d'installer un package d'une version antérieure de dia plutot que d'accepter le package le plus avancé de Debian unstable.
Nous évoquons les toutes premières distributions, celles qui étaient livrées sur disquettes. Il y avait Yggdrasil et Slackware. Je fais remarquer que cette dernière n'est pas aidée par l'étymologie. En effet, slack signifie « j'm'en-foutiste » et j'aurais naturellement tendance à me méfier d'une distribution qui porte un nom aussi péjoratif.
Stéphane rappelle à Philippe (Bl) les débuts d'Unix. Parmi les premières applications développée sous Unix, il y a eu les pilotes pour les imprimantes Linotype. Peu de temps après, il y a eu troff (« t » pour typesetting) et nroff (que signifie « n » ?). troff permettait aux employés du service des brevets de Bell de mettre en page les documents qu'ils produisaient. La syntaxe n'était pas très agréable et l'auteur du programme, Ossanna, avait prévu de la remanier. Mais il est mort dans un accident de la circulation avant d'avoir pu mener sa tâche au bout.
Kai se souvient avoir utilisé troff pour mettre en page ses documents au début des années 80 à la fac. J'ai utilisé nroff au travail en 1993, pour un programme qui devait extraire des clients d'une base de données et leur envoyer des lettres. Tant que l'on utilise *roff pour mettre des caractères en italique ou en gras, ça va, mais lorsque l'on commence à utiliser des variables donnant le nom et l'adresse du client... J'ai utilisé nroff également pour tout autre chose. Sous vi, la commande « ! » permet d'extraire un groupe de lignes du fichier en cours d'édition, de les transmettre à un processus shell, de récupérer la sortie standard et d'insérer cette sortie standard à la place des lignes sélectionnées. Ainsi, si je positionnais le curseur sur la première ligne d'un paragraphe de cinq et si je tapais :
```
5!!nroff
```
alors le paragraphe se retrouvait justifié à gauche et à droite. [ À noter que si j'avais lu un peu plus la doc, j'aurais su que la commande « } » permet d'atteindre la fin du paragraphe et que, par conséquent, la commande
```
!}nroff
```
m'aurait permis de justifier un paragraphe sans avoir besoin de compter les lignes ou de poser une marque. Cela dit, maintenant, je tape escape-tiret-escape-q. ]
Nous avons parlé assez longuement de bureautique. Et presque uniquement de celle que l'on appelle communément OpenOffice, mais qui s'appelle OpenOffice.org, la version courte étant une marque déposée par quelqu'un d'autre.
Les opinions divergent quant au rapport entre OpenOffice.org et Star Office. Pour les uns, Star Office n'est plus maintenu. Pour les autres, Sun continue à faire évoluer Star Office en reprenant toutes les bonnes idées apparues dans OpenOffice.org.
OpenOffice.org utilise XML comme format pour ses documents. Si vous consultez un document OpenOffice.org avec od(1), vous aurez du mal à y reconnaître du XML. En fait, pour le stockage sur disque, OpenOffice.org compresse le document XML, compte tenu de la verbosité de ce format.
Nicolas utilise le tableur d'OpenOffice.org. Il a un problème lorsqu'il veut calculer la somme des nombres d'une colonne. Sous Excel, il suffit de sélectionner la colonne puis de cliquer sur le « sigma » de la barre d'outils. Sous OpenOffice.org, la barre d'outils ne comporte pas de « sigma ». Il est donc obligé de taper à la main la formule =sum(...). Cela dit, il a une version chez lui et une version différente à son travail. L'une est une version anglaise, l'autre est une version francisée. Avec cette dernière, il est obligé de taper =somme(...). Quelqu'un lui signale la possibilité de sélectionner cette fonction par le biais des menus déroulants.
OpenOffice.org possède un langage de macro qui ressemble fortement à celui d'Excel. Ce n'est pas une surprise si l'on se rappelle que l'un des buts d'OpenOffice.org est d'assurer une certaine compatibilité avec son concurrent. Mais ce n'est pas satisfaisant pour nous autres qui sommes habitués à des outils puissants. Par exemple, pour calculer des médians, des déciles et des quartiles, l'un des participants a préféré faire cela en Perl puis interfacer le résultat avec OpenOffice.org plutôt que d'essayer de faire cela entièrement dans le tableur.
Pour ceux qui ne sauraient pas, le médian d'une population statistique est la valeur qui sépare cette population en deux parties égales. Les quartiles partitionnent cette population en 4 fois 25 % et les déciles en 10 fois 10 %. Le médian n'est pas la moyenne. Par exemple, pour la population « 2, 2, 2, 4, 8, 12 », la moyenne est 5, le médian est « environ 3 » de manière à séparer la population en deux parties égales de trois éléments. Il y a aussi le mode, qui est la valeur la plus souvent rencontrée. Ici, c'est 2. Dans une population statistique régulière, comme une gaussienne, la moyenne, le médian et le mode ont tendance à avoir des valeurs voisines.
Les anglophones utilisent le même adjectif, free, pour signifier « libre » et « gratuit ». D'où les expressions qui reviennent fréquemment, free as in "free beer" et free as in "free speech". RMS souhaite faire adopter l'adjectif français « libre » pour éliminer les confusions et les lourdeurs de style.
Suite à l'apparition du dernier virus à la mode, quelqu'un a demandé quelle nouvelle faille de sécurité ce virus avait utilisée. BooK demande pourquoi « nouvelle ». Un virus peut très bien utiliser une ancienne faille de sécurité. [ J'hésite. Dois-je mettre un :-) ou un :-( ? ]
L'un des participants a travaillé sur VMS et a pu consulter le source du noyau. Il évoque un problème qui se produit fréquemment dans les programmes. On trouve çà et là des lignes de code dont l'utilité échappe à ceux qui travaillent aujourd'hui sur le logiciel. Du coup, on laisse ces lignes parce qu'« on ne sait jamais... ».

Divers

Kai a évoqué sa scolarité dans un lycée multinational, fréquenté par des élèves étrangers résidant en France. Il y avait un tronc commun correspondant à l'enseignement français et une plage de temps d'une demi-journée pour l'enseignement national. Il était époustouflé de voir l'attitude désinvolte des élèves issus de l'enseignement américain vis-à-vis de leurs professeurs.
Stéphane évoque lui aussi sa scolarité. Il a connu l'époque de l'écriture avec plume Sergent-Major et encrier (comme moi). Kai a connu les tables avec un trou destiné à loger l'encrier, mais il n'a jamais utilisé de plume. Comme ce trou se trouve sur le côté droit du pupitre, cela obligeait Stéphane, un gaucher, à un geste peu naturel pour tremper la plume dans l'encrier, ce qui se traduisait parfois par une tache sur la feuille de papier. Également, comme il était (déjà) très grand pour son âge, la taille des pupitres était inadaptée et il devait faire des contorsions pour s'asseoir à sa table.
BooK lit le journal de BRIAN D FOY sur use.perl.org. BRIAN D FOY, rappelons-le, fait partie des troupes américaines stationnées en Irak. Dans une entrée récente de son journal, il raconte un incident vécu. Il faisait partie d'une patrouille de quatre véhicules de combat. Le détachement circulait sur une route quand soudain, ils ont aperçu au loin un bouchon. Au lieu de prendre leur mal en patience et de faire joujou avec le klaxon comme tout New-Yorkais ou tout Parisien qui se respecte, les chauffeurs ont déployé leurs véhicules en formation et ils ont chargé le bouchon. En anglais, on appelle cela to play chickens. Nous n'avons pas pu trouver d'équivalent en français. Les automobilistes ont réussi de justesse à se ranger et à laisser passer les Américains. La question que Philippe se pose, mais que BRIAN D FOY n'a pas l'air de se poser, c'est de savoir si ce genre d'attitude de la part des Américains est propice à assurer leur popularité en Irak. [ « Conquérir leurs coeurs et leurs esprits », pour traduire mot-à-mot une autre expression américaine. ]
Guy a pris un Orangina en bouteille, alors qu'Emmanuel a pris « une cinquante d'Orangina ». Du coup, la conversation dérive sur les boissons à la pression, ce qui ne se limite pas aux bières. Certains ont remarqué que dans les restaurants McDonald's, l'appareil servant à remplir les verres de Coca-Cola comporte deux tuyaux : le premier verse de l'eau gazeuse tandis que le second donne du sirop de Cola. Et c'est au remplissage du verre, et pas avant, que la boisson est reconstituée.
Le dosage des boissons internationales, comme le Coca-Cola et l'Orangina, varie paraît-il en fonction des habitudes culturelles et gustatives des pays. Quelqu'un raconte même que pendant la Guerre Froide, la CIA aurait suggéré à Coca-Cola d'augmenter le taux de sucre dans les bouteilles consommées en Union Soviétique, dans le but d'infliger des caries aux bolcheviques. Je crois que c'est à ce moment-là que quelqu'un d'autre a qualifié cela de urban legend. [ Et comme ceux qui ont vu ou lu « Docteur Folamour » peuvent le confirmer, les Soviétiques ont répliqué à cela en fluorisant l'eau potable. Voici un passage à ce sujet, qui figure dans le roman de Peter George, mais omis du film de Stanley Kubrick. C'est le général Jack Ripper qui donne les explications.
It is transmitted from the mother to the foetus through the placenta, and it is also present in the breast milk. It is also found in the human body in bones, teeth, thyroid, hair, liver, kidneys, skin, nails, wool, feathers, horns, hooves and scales.
]
Kai a évoqué les gratte-ciels et la course à la hauteur. Certains cherchent à battre le record en ajoutant un mât ou une antenne pour dépasser le record de taille. Il évoque également un gratte-ciel, construit à Taïpei, dans une zone où les typhons et les tremblements de terre sont chose courante. Pour se prémunir contre les tremblements de terre, on a ajouté une boule de lest de 850 tonnes au sommet du bâtiment. Je suppose que ce lest a pour but de modifier les fréquences propres du bâtiment, de manière qu'elles soient suffisamment différentes des fréquences habituelles des tremblements de terre et qu'ainsi, le gratte-ciel n'entre pas en résonance avec le séisme. Stéphane, qui se trouvait en Californie en 1989, raconte qu'il a vécu le tremblement de terre du 17 octobre. Il se trouvait à l'intérieur d'un immeuble anti-sismique et il ne craignait donc rien. Néanmoins, il a clairement perçu le moment où le bâtiment est entré en résonance avec le séisme.
Ce n'était ni un tremblement de terre, ni un typhon, mais c'était quand même un effet désastreux des fréquences de résonance. Nous avons évoqué le pont de Tacoma Narrows, un film incontournable pour les amphis de mécanique.
Stéphane évoque une de mes interventions sur la liste, concernant les backronyms et les moteurs de l'Airbus A400, un quadrimoteur à hélices. Les moteurs à hélice engendrent un couple important. Dans un multimoteur, les ingénieurs essaient donc de compenser les couples des moteurs entre eux, en installant n/2 moteurs à rotation dans le sens des aiguilles d'une montre (clockwise) et n/2 moteurs à rotation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (counterclockwise ou anticlockwise). Pour la disposition exacte des moteurs, il faut prendre en considération des phénomènes et des critères qui dépassent mes connaissances en mécanique. En regardant depuis l'arrière, les moteurs de l'A400 sont les suivants, de gauche à droite :
1. sens des aiguilles d'une montre,
2. sens inverse des aiguilles d'une montre,
3. sens des aiguilles d'une montre,
4. sens inverse des aiguilles d'une montre.
Pour exprimer la configuration avec un sigle, les anglophones laissent tomber le terme counterclockwise susceptible de prêter à confusion et utilisent le terme anticlockwise. Je vous laisse traduire en anglais et deviner pourquoi cet acronyme dérange dans les bureaux d'études français.
BooK a évoqué les échanges sur la liste Oulipo. Cela lui a donné l'idée d'écrire un programme Perl auquel on fournirait un texte de littérature à contrainte et qui serait capable d'extraire la contrainte utilisée. Cela ressemble plutôt à du PROLOG, mais c'est la programmation Perl que Philippe connaît... Le programme serait capable de reconnaître un palindrome de lettres, un palindrome de mots, un acrostiche, etc.
Je fais remarquer que l'un des derniers comptes-rendus Perl 6 par Piers Cawley comporte le nom de Léon Brocard en acrostiche (initiales des paragraphes, pas des lignes ; en effet, le découpage par ligne s'effectue lors de l'affichage du document, pas lors de sa rédaction). Heureusement que Piers a signalé son exploit dans le compte-rendu suivant, sinon je ne l'aurais pas remarqué.
Philippe avoue avoir inséré le nom et le prénom de sa copine en acrostiche dans sa copie de français du concours d'entrée à l'ENS Cachan en 1992, à l'époque où il était en prépa. Le thème de cette année-là (ça ne s'invente pas) était « La passion amoureuse ». Sa copine n'avait pas apprécié.
J'évoque un acrostiche que BooK connaissait déjà. Il est dû à la plume de Pierre Corneille et il se trouve dans Horace, aux vers 444 à 450. C'est une tirade où Horace explique qu'il est fier de devoir trucider son beau-frère Curiace simplement parce qu'il (H) est romain et que l'autre est citoyen d'Albe. Voici la citation, je vous laisse lire l'acrostiche.
S'attacher au combat contre un autre soi-même,
Attaquer un parti qui prend pour défenseur
Le frère d'une femme et l'amant d'une soeur
Et rompant tous ces liens, s'armer pour la patrie
Contre un sang qu'on voudrait racheter de sa vie,
Un si grand honneur n'appartenait qu'à nous,
L'éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux.
C'est le même Pierre Corneille qui a écrit dans Polyeucte :
Le désir s'accroît quand l'effet se recule.
Coïncidence ou trésors cachés de la littérature française ?
Nous n'avons pas raconté d'histoires vaseuses sur les canadiennes (tentes de camping, pardessus ou autres). Nous n'avons pas fait de calembour sur Choisit-le-Roi et Bourre-la-Reine. Nous n'avons pas évoqué de sketch de Coluche concernant un poil dans la soupe et une nouille ailleurs.
Nous avons toutefois eu droit à une histoire qui illustre une construction yiddish, schme, destinée à qualifier de manière péjorative un terme. L'histoire met en scène deux mères juives, discutant du rejeton de l'une d'elles, un futur Woody Allen.
-- Alors, ton fils, ça s'est bien passé chez le psychanalyste ?
-- Non, il m'a dit qu'il avait le complexe d'Oedipe.
-- Oedipe-schmoedipe ! L'essentiel, c'est qu'il aime bien sa mère.