Le jour de la Saint-Médard

Un historique de toutes nos réunions

Table des matières

mercredi 8 juin 2016

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la disposition autour de la table :

Laurent (B),
moi,
Sébastien,
Sylvain,
Emmanuel,
Vincent,
et Laurent (R).

Nous avons mangé du foie de canard, du saumon fumé, des ravioles, des andouillettes, des larmes du tigre, des croustillants au saumon, des salades 86 (ou César ?) et des crèmes brûlées. Nous avons bu des cocktails Diderot, des mojitos, des menthes à l'eau, de l'Orangina, du vin et du café.

Nous avons parlé de Perl, Internet informatique et points divers.

Perl

Emmanuel a profité de la réunion pour valider les présentations proposées pour les Journées Perl en nous demandant notre avis. Sébastien propose sa présentation feuilleton qui évolue chaque année avec la version de Perl. Également, il reprend et actualise sa présentation sur le meilleur du CPAN car là aussi la situation évolue d'année en année.
Emmanuel regrette qu'il n'y ait pas de nouvelles têtes parmi les présentateurs. Quant aux participants, ils viennent pour la plupart de la région parisienne. Notons la présence de Clément O. en provenance de Lyon et la participation exceptionnelle de Tim B. venant d'Irlande.
Je mentionne à Sébastien que je suis tombé par hasard sur le module Acme::CPANLists::Import::RomanNumbers. C'est un module qui a pris mon exposé en anglais sur les nombres romains et qui en a extrait tous les noms de modules. Il y a un hic dans le module, il a extrait le nom YAPC::Europe comme si c'était un module présent sur CPAN. Il faudra que j'ouvre un ticket sous RT pour dire à l'auteur de supprimer cette mention ou, au moins, de la mettre à part.
Il a été question du reproche fait à Perl de ressembler à du line noise (en français, « bruit thermique », bien qu'il ne s'agisse pas d'un signal électro-magnétique analogique). Cela me rappelle que lorsque je lisais en détail les notes techniques diffusées avec Perl (j'ai dû le faire pour la 5.5.3, la 5.6.0 et la 5.6.1), j'ai lu une fois que quelqu'un avait fait un test en prenant comme script Perl la sortie de /dev/random. Si cela provoque un message d'erreur de syntaxe, c'est bien. Si cela fait planter l'interprêteur perl, ce n'est pas bien et il faut corriger.
Sans parler de bruit thermique, on peut remarquer que la syntaxe Perl peut être tordue dans tous les sens. Sébastien rappelle l'existence de Acme::Bleach qui utilise les espaces et les tabulations pour représenter sous forme binaire le texte source du script, tous les autres caractères étant là à titre de commentaires. Il mentionne également Acme::Buffy dans lequel le source est également codé sous forme binaire, mais en utilisant cette fois-ci la différence entre lettres minuscules et lettres majuscules. Et je mentionne quant à moi le module Lingua::Romana::Perligata qui utilise le latin pour coder les scripts Perl. Ces trois cas sont des exemples assez spectaculaires de l'utilisation des filtres de source (source filters).

Internet

Certains participants à la réunion, notamment Sébastien, sont obligés de travailler, au moins de temps en temps, en PHP. Parmi les sources d'information du web pour PHP, Sébastien mentionne PHP, a fractal of bad design. Cet article explique qu'il y a des erreurs de conception à tous les niveaux du langage. Il évoque également PHP Sadness. Ce site contient des exemples d'incohérence, par exemple sur l'ordre des arguments lors de l'appel de sous-programmes standards similaires. Ce site a fait un si bon boulot de recenser les problèmes de ce type qu'il est considéré comme un site de référence par les utilisateurs et même les développeurs de PHP.
L'auteur de PHP est un dénommé Rasmus Lerdorf. Il ne faut pas lui jeter la pierre pour ce qui précède. Rasmus a simplement écrit un framework web en fonction de ses besoins personnels. Lorsque le logiciel est devenu suffisamment stable à son goût, il l'a mis à la libre disposition de chacun avec une licence libre. Ce logiciel a obtenu un succès totalement inattendu et est devenu l'un des langages incontournables du web, ce qui n'était en rien l'intention de Rasmus Lerdorf.
PHP a été conçu à partir de Perl (et la première implémentation de PHP était en Perl). Du coup, il y a de nombreuses similarités entre les deux langages. Le résultat est que parfois Sébastien, fort de sa connaissance de Perl, essaie quelques constructions en PHP et constate que cela fonctionne. Et il peut ainsi donner des conseils sur PHP à ses collègues qui travaillent à temps complet en PHP.
Il y a quand même un point positif avec PHP, c'est qu'il est facile à administrer et à mettre à jour. En effet, toutes les extensions sont incluses dans le paquet de base. Pas besoin d'installer autre chose, vous mettez à niveau votre paquet PHP et c'est tout. Alors qu'en Perl, vous avez des paquets différents pour chacun des modules de CPAN qui ne figure pas dans la distribution de base de Perl.
Lorsque PHP analyse la syntaxe d'un programme, il lui arrive de sortir un message incompréhensible par les anglophones. Le message est causé par l'apparition d'un deux-points « : » à un endroit saugrenu du programme. Le message d'erreur fait référence au nom hébreu du deux-points. Pourquoi ? Parce que la boîte qui chapeaute le développement de PHP est une boîte israélienne.
Vincent n'aime pas PHP car la syntaxe lui semble obscure. Cela ne m'étonne pas. Je ne connais pas PHP, mais j'ai le cas avec d'autres langages. Je fais un blocage sur la syntaxe de sed et je préfère utiliser awk ou Perl pour faire des tâches à la portée de sed. De même, je ne digère pas la syntaxe shell de COMMAND.COM mais ce n'est pas grave, Cygwin est installé sur la machine Windows que j'utilise au travail.
Vincent parle des problèmes de downtime des sites Internet. Il dit qu'il ne peut pas se permettre de couper le service qu'il doit à ses utilisateurs. Il est donc tenu d'avoir un downtime de zéro ou, si vous préférez, une disponibilité de 99,999 %. En creusant le sujet, Laurent B est parvenu à lui faire admettre qu'il (Vincent) peut, de temps en temps, arrêter le service et rediriger les utilisateurs vers une page d'attente, à condition de ne pas le faire trop souvent et à condition également que l'interruption du service ne dure pas trop longtemps. Les contraintes de Vincent sont donc très différentes d'une disponibilité continuelle du service. Si l'on fait le calcul numérique de 99,999 %, cela représente une seconde d'arrêt par jour (en fait, 86 centièmes de secondes), soit une demi-minute par mois. Vincent n'en est pas encore là.
Emmanuel nous raconte que pendant un certain temps, il s'est occupé d'un site d'échecs en langue française. En épluchant les statistiques du serveur web, il avait constaté que l'activité du serveur commençait le matin vers 8 ou 9 heures, puis présentait un pic vers 13 heures, redescendait un peu, remontait à partir de 18 heures, puis déclinait vers minuit. Rien d'étonnant. En revanche, à 4 heures du matin, il y avait un regain d'activité. Pourquoi ? En étudiant un peu plus la question, Emmanuel a compris que ce pic de 4 heures du matin était dû à des canadiens francophones.
Nous avons parlé de l'Internet des Objets. On ne maîtrise pas les conséquences de cette nouvelle technologie. Nous avons évoqué un point très particulier, l'absence pour les vacances et les tentatives de cambriolage. Dans le temps, le cambrioleur faisait le guet pendant quelques jours devant un immeuble, pour voir quelles fenêtres restaient avec les volets fermés pendant plusieurs journées d'affilée. Bientôt, la tâche de repérage sera facilitée. Il suffira au cambrioleur de se connecter aux différents réfrigérateurs de l'immeuble pour demander s'il y a eu consommation de denrées et réapprovisionnement.

Informatique

Nous reparlons de systemd. La dernière nouveauté, c'est que lorsqu'un utilisateur se déconnecte, tous les processus qui lui sont associés sont interrompus. Même les processus en tâche de fond. Pourquoi avoir fait cela ? Et il n'y a pas moyen de faire autrement. Lennart P. a décidé que tous les processus seraient arrêtés, donc tous les processus seront arrêtés. Et tant pis si Unix a très bien fonctionné pendant 40 ans sans cette règle.
Sébastien rappelle un autre problème avec systemd. Dans tout système Unix qui se respecte, les informations de configuration de la machine sont stockées dans le répertoire /etc. Et que se passe-t-il si le répertoire /etc est indisponible au démarrage ? Lennart P a la solution : on stocke aussi les informations dans /usr/lib/systemd ou dans /lib/systemd. Récemment, Sébastien a eu un problème sur une machine. Il corrige les fichiers de configuration dans /etc et redémarre le service. Il a fallu deux heures à Sébastien pour se rendre compte que la mise à jour de /etc était invalidée par le fait que /usr/lib/systemd n'était pas mis à jour de son côté. Et si c'est arrivé à Sébastien, nul doute que c'est arrivé et que cela arrivera à une foule d'administrateurs système de par le monde. Là encore, pourquoi remettre en cause 40 ans d'expérience Unix sur l'organisation des systèmes de fichiers ? Pourquoi piétiner un standard établi sur des bases réfléchies ?
Et souvenez-vous que systemd est le processus de base du système, celui qui tourne avec le PID 1. En règle générale, on cherche à s'assurer que ce processus est fiable et tourne sans consommation excessive de ressources. C'est exactement le contraire que systemd tente de faire : il accumule les fonctionnalités, donc les risques de bugs, et il s'occupe de lancer tous les services et daemons du système. Pourquoi là encore remettre en cause un principe qui a fait ses preuves pendant 40 ans d'utilisation d'Unix ?
Et en plus, systemd se comporte de façon hégémonique, en tentant de remplacer tout logiciel concurrent. Quand vous installez une machine sous Linux, vous n'êtes pas obligés d'installer vim ni emacs. Ni de les utiliser si vous les avez installés. Si vous voulez un serveur web, vous n'êtes pas obligés d'installer Apache si vous préférez nginx. Et vous n'êtes pas obligés d'installer nginx si vous préférez lighttpd (ou « Lightie »). Mais pour systemd, vous n'avez pas le choix. C'est installé par défaut avec votre distribution. Sébastien nous indique la séquence à soumettre pour se débarrasser de systemd :
```
apt-get install sysvinit-core sysvinit-utils
apt-get remove systemd
```
Mais combien de gens penseront à le faire ou oseront le faire ? En revanche, Sébastien voit dans cette affaire la possibilité assez probable d'un schisme dans la communauté Linux.
Sébastien reconnaît que systemd peut apporter quelque chose pour les stations de travail bureautiques, avec l'environnement GNOME ou KDE. En revanche, pour les serveurs, systemd n'apporte que des inconvénients.
Emmanuel complète l'exposé historique de Sébastien. À l'origine, le programme init de SystemV lançait les services de façon séquentielle, attendant que le précédent soit actif pour lancer le suivant. D'où la possibilité d'un blocage si un service avait du mal à démarrer. Plusieurs solutions ont été envisagées pour remédier à ce problème et permettre un lancement en parallèle des services. L'une d'elles, upstart, était développée pour Ubuntu. Lorsque Lennart P. a voulu y contribuer, les avocats de Red Hat (l'employeur de Lennart P.) ont examiné les conditions de licence imposées par Canonical (qui chapeaute Ubuntu et donc upstart) et ces conditions ne leur ont pas plu. Lennart P. a donc travaillé indépendamment de l'équipe upstart et a développé dans son coin systemd.
N'importe comment, il y aura toujours des problèmes avec le démarrage en parallèle des services. Prenons le cas de Dovecot et mySQL. Le serveur de messagerie Dovecot a besoin de la base de données mySQL pour des questions d'authentification. Il doit donc être démarré après mySQL. Or, quand mySQL déclare que la procédure de démarrage est terminée, il n'est pas encore tout-à-fait prêt à fonctionner et il anticipe sur le démarrage effectif qui peut prendre encore quelques secondes ou quelques minutes. Mais pendant ce faible laps de temps, le processus init, upstart ou systemd peut lancer Dovecot, qui tente d'utiliser mySQL et qui n'y arrive pas.
Notons que Lennart P était déjà connu pour Pulse Audio.
Lorsque l'on met à jour les paquets logiciels sur une machine, faut-il la redémarrer ? Comment peut-on savoir avant d'installer le paquet qu'il va demander le redémarrage ? Sébastien répond que cela fait partie des compétences attendues des administrateurs système. Un administrateur système doit savoir si la mise à jour de tel paquet va nécessiter le redémarrage de tel serveur ou si on peut se contenter d'un redémarrage à chaud du service. Toujours est-il que si le paquet en cause est le noyau Linux ou bien la libc, il n'y a pas besoin de se faire des nœuds au cerveau, le redémarrage sera nécessaire. En conséquence, pour certains serveurs cruciaux comme un serveur de base de données, Sébastien ne fait jamais de mise à jour, de façon que le serveur puisse fonctionner en continu. Évidemment, il faut avoir pris la précaution de mettre ce serveur à l'abri des éventuelles attaques provenant de la connexion à Internet.
Nous avons évoqué la commande hostname et les déboires de ses utilisateurs. Sous Linux, hostname -f donne le « FQDN » (ou Fully Qualified Domain Name) de la machine. Cette option n'existe pas sur les autres systèmes Unix. Par conséquent, cette ligne de commande est interprétée comme une modification du nom de machine, qui est ainsi mis à la valeur « -f ». Et allez donc le corriger par la suite ! Cela dit, si vous aviez pris la précaution de ne pas vous connecter en root, la commande aurait été refusée et le nom de la machine n'aurait pas été écrasé.
Nous avons évoqué les alternatives à Linux tout en restant dans le monde Unix. C'est-à-dire les « *BSD ». En apparence, ils ont assez peu de parts de marché. La réalité est un peu plus compliquée, car les systèmes « *BSD » ont servi de base pour des systèmes d'exploitation particuliers, comme OS-X pour les ordinateurs Macintosh et le système d'exploitation de certaines consoles de jeux.
Nous avons parlé des techniques abusives de Microsoft pour installer Windows 10 sur les ordinateurs personnels. L'une d'elle consiste à dire que si vous cliquez sur la croix sur fond rouge de la fenêtre vous proposant Windows 10, cela signifie que vous désirez vivement avoir Windows 10 sur votre machine, que vous avez lu attentivement et que vous avez compris toutes les clauses de la licence d'utilisation. Et cela ne signifie pas que vous aviez l'espoir de vous débarrasser vite fait d'une fenêtre intrusive et déplaisante.
Faut-il avoir un compte chez Windows pour installer des mises à jour ? Si j'ai bien compris la réponse, il semblerait que ce ne soit pas nécessaire. En revanche, c'est nécessaire pour installer des nouveaux logiciels. Mais d'un autre côté, si vous avez un téléphone Android, vous avez besoin d'un compte Gmail pour y installer des mises à jour.
Avec l'essor des tablettes, il est de plus en plus difficile de trouver des vrais ordinateurs portables, avec un vrai clavier, un vraie capacité disque, etc.
Nous avons comparé les fonctionnalités de Microsoft Office avec celles de LibreOffice. Pour certains de nos collègues, une fonctionnalité de Microsoft Office n'existe pas dans LibreOffice et c'est rédhibitoire pour eux : les tableaux croisés dynamiques. En revanche, là où LibreOffice se débrouille mieux que Microsoft Office, c'est dans la production de documents au format PDF.
N'importe comment, Microsoft pousse les gens à adopter Office 365, la solution « claoude » pour la bureautique. Évidemment, c'est un abonnement, donc il faut payer tous les mois au lieu d'acheter en un seul versement le logiciel Office.

Divers

Concernant l'actualité généraliste, en dehors de l'informatique et du jeu, Sébastien nous apprend que ses sources d'information sont France Inter et France Culture. Surtout France Culture. Et il ne juge pas utile de regarder, d'écouter ou de lire autre chose.
J'ai fait remarquer à Laurent B que c'était le jour de la Saint Médard. Selon le proverbe, s'il pleut à la Saint Médard, il pleut quarante jours plus tard. Et en fait, cette année, c'est l'inverse qui s'est passé. Il a plu continuellement avant la Saint Médard et le jour dit, il a fait beau.